Ce mardi 3 juin, la Commission des comptes de la Sécurité sociale a dévoilé son rapport. Elle confirme que le déficit pour l’année 2024 sera moins élevé que prévu, atteignant -15,3 milliards d’euros (soit 0,5 point de PIB), grâce à une amélioration des recettes en fin d’année.
Cependant, la situation reste préoccupante : le déficit attendu pour 2025 s’établit à 22 milliards d’euros, en phase avec les prévisions de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS).
Si ce déficit est conséquent, il reste bien plus maîtrisé que celui de l’État, dont le déficit public dépasse 5 % du PIB. Malgré les pressions structurelles qu’elle subit, la Sécurité sociale conserve une trajectoire budgétaire plus soutenable et mieux encadrée que celle des finances publiques de l’État.
Pour l’UNSA, ces chiffres ne sont pas surprenants. Malgré un ralentissement de l’inflation, les dépenses sociales continuent de croître plus rapidement que les recettes en raison de facteurs structurels :
• Le vieillissement de la population
• La hausse des maladies chroniques
• Une progression ralentie de la masse salariale
• Un affaiblissement de la croissance du PIB.
Investir mieux pour mieux protéger
L’UNSA rejette l’idée selon laquelle réduire les dépenses sociales implique de diminuer les droits. L’enjeu n’est pas de couper, mais d’investir plus efficacement pour garantir une meilleure protection sociale.
Pour mieux protéger, l’UNSA propose de :
• Renforcer la prévention en coordonnant les actions entre Assurance maladie, ministère de la Santé, les complémentaires santé et en désignant un chef de file national de la prévention pour piloter cette stratégie.
• Interdire les dépassements d’honoraires pour les actes de prévention (coloscopies, mammographies…) pour en finir avec l’accès aux soins conditionné à des moyens financiers.
• Lutter contre les déserts médicaux en adoptant une régulation équitable de l’installation des professionnels de santé. Nous soutenons la proposition de loi Garot et demandons son adoption rapide.
• Favoriser le maintien à domicile avec une vraie politique du “bien vieillir”, des logements adaptés et des aides.
• Étendre les allocations familiales dès le premier enfant pour mieux soutenir toutes les familles.
• Renforcer le soutien aux aidants, véritable pilier de la solidarité.
Pour améliorer les recettes, l’UNSA dit NON à la TVA sociale, mais OUI à une fiscalité juste
L’UNSA refuse catégoriquement la mise en place d’une TVA sociale, un impôt injuste et peu redistributif. Affirmer qu’une hausse de la TVA serait compensée par une augmentation des salaires via une baisse des cotisations patronales relève d’une illusion dangereuse.
De plus, confier la gestion des recettes de la Sécurité sociale à l’État par le biais de la TVA sociale reviendrait à transformer en profondeur notre modèle social, au risque de fragiliser la protection des citoyens. Pour l’UNSA, ce choix, lourd de conséquences, ouvrirait la porte à une centralisation des décisions financières, laissant à l’État seul le pouvoir de répartir les ressources dédiées à la Sécurité sociale. Une telle évolution pourrait compromettre l’équilibre de notre pacte social sur le long terme — un risque politique réel à ne pas sous-estimer.
Parallèlement à cela, les allègements de cotisations coûtent près de 80 milliards d’euros par an et ils n’ont permis ni de revaloriser les salaires, ni de faire reculer la précarité, ni de réindustrialiser massivement le pays.
L’UNSA propose des alternatives plus justes et efficaces :
• Faire évoluer la CSG pour la rendre plus progressive et équitable
• Repenser la fiscalité sur les successions afin de renforcer la solidarité intergénérationnelle.
• Conditionner les exonérations de cotisations sociales à des engagements sociaux, environnementaux et liés à la qualité de l’emploi.
Pour l’UNSA il faut une gouvernance rénovée pour préserver notre modèle de solidarité
Alors que la Sécurité sociale fête ses 80 ans, elle demeure la pierre angulaire de notre pacte républicain. Loin d’être dépassée, elle doit être adaptée sans être dénaturée.
Pour garantir sa pérennité, l’UNSA plaide pour une réforme de sa gouvernance en instaurant un pilotage pluriannuel réunissant :
• L’État, garant de l’intérêt général ;
• Les partenaires sociaux, représentants du monde du travail.
Ce modèle permettrait d’anticiper collectivement les évolutions et de bâtir un cadre d’ajustement transparent et équilibré à moyen terme afin de moderniser un système fondé sur le travail, la solidarité, l’universalité et la justice.
Crédits photo : rawpixel.com
Partager